A bord du train, sur la Death Railway |
Il fait encore nuit et les rues sont calmes, mais le quai est lui très animé. On n'y croise qu'une seule autre occidentale, qui semble elle aussi avoir sauté de son lit. Les Thaïlandais sont beaucoup plus réveillés que nous : ils parlent, rigolent... Quand on a connu les quais du métro parisien, il y a de quoi être surpris par autant de bonne humeur si tôt le matin!
Tout ça sous l’œil du roi, vénéré en Thaïlande (les manifestations à Bangkok ont même été suspendues à l'occasion de son anniversaire) et dont on croise très souvent la photographie quand on se promène. C'est vraiment impressionnant de voir ces immenses affiches disposées un peu partout dans la rue ou sur les façades des bâtiments publics. Petit détail assez drôle, le roi a fêté ses 86 ans : soit il est extrêmement bien conservé, soit l'image commence sérieusement à dater!
Quand soudain...
Nous montons à bord du train. Le confort est rudimentaire. Les sièges sont en bois, la machine fait beaucoup de bruit, mais ça fait partie du voyage. Par contre, nous aurions dû emporter une petite veste. Les fenêtres resteront toutes ouvertes jusqu'au terminus et nous subiront donc 2h30 de courants d'air assez frais.
Les premiers kilomètres se font alors que la nuit s'achève à peine et assombrit encore le paysage. On traverse le pont de la rivière Kwaï et la place, qui était si effervescente la veille, nous parait toute endormie.
Sur le Pont de la Rivière Kwaï |
Dans la brume... |
Puis nous arrivons à l'un des passages les plus attendus et les plus impressionnant du trajet : le pont en bois de Tham Krasae. A cet endroit, les rails sont vraiment collées à la montagne et de l'autre côté c'est le vide. Le paysage y est également magnifique entre montagne et rivière. C'est superbe!
Nous nous installons dans le pick-up direction Hellfire Pass. Ce mémorial nous a permis d'en apprendre d'avantage sur le Pont de la Rivière Kwaï et sur la Death Railway. Bien sûr, comme la plupart des lieux qui rendent hommage aux victimes de la guerre et de la folie des Hommes, on n'en ressort pas indifférent.
Dédiés aux milliers de prisonniers de guerre alliés et de travailleurs asiatiques qui ont souffert et sont morts durant la construction de la voie ferrée de la mort, le Hellfire Pass Memorial comprend à la fois un musée commémoratif et le lieu où a été creusé le passage dans la montagne pour faire passer le train, aujourd'hui aménagé pour être visité.
Pour comprendre les motivations de la construction meutrière de la Death Railway, il faut remonter dans le temps et s'intéresser aux événements qui ont bouleversé l'Asie lors de la Seconde Guerre Mondiale.
En décembre 1941, les Japonais attaquent la base américaine de Pearl Harbor, envahissent la Malaisie et occupent la Thaïlande. C'est le début de la guerre du Pacifique. Au milieu de l'année 1942, les forces japonaises combattent les Britanniques en Birmanie et ont besoin d'une route sure pour acheminer des hommes et du matériel sur place. L'approvisionnement par la mer utilisé jusque là est considéré comme peu sûr, les Japonais décident alors de construire une voie ferrée de 415 kilomètres de long de Ban pong (Thaïlande) à Thanbyuzayat (Birmanie). Le Pont de la Rivière Kwai ainsi que le Hellfire Pass sont deux chantiers marquants qui en découleront.
Pour parvenir à leurs fins, les Japonais rassembleront 60 000 prisonniers de guerre et réquisitionneront 250 000 travailleurs asiatiques (les romusha). La construction qui aurait dû s'achever au bout de 3 années ne mettra finalement que 16 mois suite aux pressions et tortures pour accélérer le travail qui auront été faites. La Death Railway est surnommée ainsi car elle causera la mort de près de 100 000 travailleurs asiatiques et 13 000 prisonniers de guerre qui succomberont aux exécutions, tortures et mauvais traitements ou de faim, de maladie ou d'épuisement.
Le musée est très instructif et revient en détails sur cet épisode tragique. On peut ensuite descendre au niveau du Hellfire Pass. Sur place, on se rend encore mieux compte des souffrances qu'ont dû enduré ces hommes qui pouvaient travailler jusqu'à 18 heures par jour avec rien d'autre que de maigres portions de riz pour subsister.
Les rails ont été enlevées pour faciliter la venue des visiteurs, mais il reste encore sur place quelques traces de ce qu'a pu être un jour le chantier d'Hellfire Pass ("le passage du feu de l'enfer"), surnommé ainsi à cause de l'allure infernale que produisait à la fois son éclairage à l'aide de bougies dans des lanternes en bambou et du martèlement incessant des outils rudimentaires utilisés pour créer le passage.
Et pour occuper Mimi B. qui n'est pas très intéressée par cette balade un peu compliquée pour ses petites jambes, nous lui faisons compter les jolis papillons qu'on rencontre assez souvent dans cette région.
Après un déjeuner pas franchement mémorable et pour terminer la journée sur une note plus joyeuse, nous poursuivons notre route jusqu'au sources chaudes de Hindad dans l'idée de nous détendre un peu. D'un côté l'eau froide de la rivière, de l'autre les bassins d'eau naturellement chaude. On reste encore dans la thématique "Seconde Guerre Mondiale" puisqu'elles auraient été découvertes par les troupes japonaises.
Autour de nous, uniquement des Thaïlandais venus en famille sur un lieu de prédilection pour eux puisque l'eau de ces sources soigneraient de nombreux maux tels que les rhumatismes ou l’arthrite. Les enfants plongent, s'arrosent, rigolent tandis que les adultes discutent et plaisantent à l'ombre.
A part Daddy B. qui se baigne vraiment, nous mouillons juste nos pieds. Mais si l'idée vous venait d'aller faire trempette, il vaudra mieux rester habillé pour les femmes, tradition oblige, si vous ne voulez pas choquer.
C'est la tête remplie de toutes ces images et heureux d'avoir appris plein de choses que nous rentrons dans le pick-up pour un trajet de plus de deux heures vers Kanchanaburi.
Et Mimi B.? Comme d'habitude, le trajet se fera dans les bras de Morphée... enfin de Daddy B., mais vous m'avez comprise!
Superbe! On a aussi un porte-bébé pour les randos un peu longues et peu praticables... Pratique :)
RépondreSupprimerJ'adore c'est fabuleux. Il n'y avait pas que Mimi B. dans les bras de Morphée si?
RépondreSupprimerMagnifique Eva, magnifique !
RépondreSupprimerOuf! Je suis épuisée après cette escapade virtuelle! Mais bravo, pour les images, et le lien historique, à la mémoire de tous ceux qui ont souffert. Monsieur a apprécié aussi.
RépondreSupprimerLes photos sont superbes, merci pour le partage de ces paysages.
RépondreSupprimerMarianne